jeudi 11 mars 2010

Un peu de décence messieurs les banquiers !


Décence : (nom féminin) Respect des convenances, bienséance, pudeur. Synonyme : savoir-vivre.

Ce petit rappel n'est à mes yeux pas inutile. Aujourd'hui se croisent dans les journaux écrits (oui parce que dans les journaux télévisés, y compris sur les chaines d'information, on préfère gloser à l'infini sur le passage au niveau supérieur d'une compétition sportive d'une équipe de millionnaires adulée par des smicards) quelques informations qui m'interpellent : d'une part la situation catastrophique des Caisses d'Allocations Familiale qui sont au bord de la rupture devant l'afflux des demandes d'aides dues à la Crise, d'une autre on apprend que la France a perdu en 2009 322.000 emplois salariés dus encore une fois pour une très grande part à la Crise. Et dans le même temps on apprend que les quatre principaux groupe bancaires français vont verser 2 milliards de bonus à leur 7500 traders. 2 milliards... c'est une somme qui ne rentre pas sur ma calculatrice... si l'on se contente d'une simple division on obtient pour chacun de ses merveilleux représentants de l'espèce humaine et modèles d'altruisme la somme de 266.666 euros... soit 22.222 euros par mois. Il me semble que le salaire moyen tourne autour de 1.500 euros à titre de comparaison. Et il ne s'agit que d'une prime. Et bien entendu les très gros traders, ceux qui ont le plus joué à la loterie avec l'argent des autres auront la plus grosse part. Ça leur permettra d'être à l'abri pour leur troisième vie. Oui parce qu'il leur faudra au moins trois vies pour dépenser ce qu'ils accumulent...

Résumons-nous : les responsables de la crise se partagent des sommes indécentes gagnées sur notamment la spéculation des dettes des états qui leur ont sauvé la mise pendant que les acteurs de la vie économique réelle sombrent de plus en plus nombreux dans la précarité. J'oubliais ! On nous annonce aussi le même jour le retour des super-riches, ces millionnaires qui ont perdu énormément d'argent au début de la Crise (versez une petite larme, braves gens !) et qui, on respire, on retrouvé le chemin de la super-richesse.

Alors je m'interroge. Ne nous avait-on pas parlé de régulation de l'économie ? De refondation du capitalisme ? De plus jamais ça ? Il y a une éternité, il est vrai : un an imaginez ! Mais quand le magazine Forbes écrit que « "L'économie mondiale se remet, les marchés financiers sont de retour, particulièrement les marchés émergents" pourquoi changer une équipe qui ne perd jamais ? Pourquoi vouloir faire en sorte que les agences de notation soient véritablement indépendantes et peut-être efficaces et visionnaires ? Pourquoi vouloir que les banques cessent de financer les hedge Funds qui détruisent les entreprises plutôt que d'aider ces mêmes entreprises à se développer dans le cadre d'un rythme normal ? Pourquoi vouloir que cessent ces créations de produits financiers opaques, véritables martingales qui hier intégraient les hypothèques des logements des familles américaines moyennes et inférieurs et qui maintenant sont pleines des dettes des états. Pourquoi vouloir lutter contre l'émergence d'une nouvelle bulle financière ? Après tout, maintenant ils savent, ces gentils banquiers, qu'ils ne risquent rien. Les états le leur ont prouvé.

La seule chose qui leur a été demandé, mis à part des promesses qui n'engagent que ceux qui les croient, était de garder un profil bas en ces temps où la grande majorité souffre. Mais visiblement c'était encore trop.

Puisque l'on ne peut pas compter sur leur sens des responsabilité ni leur décence, il serait peut-être temps que les politiques s'en chargent non ? Utopie me diront certains. Obligation répondrais-je. Et question de vie ou de mort de notre société.