dimanche 25 avril 2010

L'avortement est un droit. Encore faut-il pouvoir l'exercer...


Le texte de Sylvain a, comme c'était prévisible, déclenché énormément de commentaires. Je ne veux pas le commenter. Il a le mérite de rappeler que la question du droit à l'avortement reste encore et toujours un sujet sensible et quasi tabou. Je dirai juste que tant que l'avortement ne devient pas un palliatif à la contraception c'est un droit inaliénable d'une société moderne où la femme est véritablement l'égale de l'homme.

Mais justement, en 2010, soit 35 ans après la loi Weil, ce droit d'avorter est-il pleinement applicable ?

Mais bien entendu me répondra-t-on. C'est facile et sécurisé et toute femme qui le souhaite peut avorter si elle en ressent le besoin. Vraiment ? Pas sûr. En fait je suis même certain du contraire. Nous assistons à une régression d'autant plus insupportable qu'elle est tenue loin de nos regards.

En 2010 des femmes recommencent à partir avorter à l'étranger parce qu'elles ont dépassé la date limite fixée par la loi Française. Pas parce qu'elles se sont décidées en retard : simplement de moins en moins de médecins acceptent de pratiquer cette intervention pourtant légale. Par objection de conscience pour certains. Parce que l'IVG est tarifée trop bas pour d'autres.

La politique du gouvernement actuel amplifie dramatiquement la situation avec la réforme Bachelot : la logique comptable qui a régit ces décisions de regroupement d'établissements hospitaliers a eu comme premières victimes les Centres d'Intervention Volontaire de Grossesse (CIVG). Déjà 3 fermés rien qu'à Paris, 2 autres sont en sursis. Combien en province dans le silence de nos médias nationaux ? Rien qu'un serait déjà dramatique. Là nous tombons dans l'insupportable.

Impossibilité matérielle pour les femmes d'exercer sereinement leur droit à avorter. Cela compliqué par la solitude morale dans laquelle ces femmes se débattent généralement lorsqu'elles décident de ne pas aller au terme de leur grossesse. Combien ont le support de leur famille ou du père putatif ? Combien assument leur choix au grand jour ? Bien peu. C'est encore considéré comme un acte honteux pour beaucoup trop de Français. Et cela d'autant plus que c'est la femme qui est montrée du doigt. Jamais l'homme. Alors que l'on sait bien depuis la fin de la fable de la cigogne que la procréation est une affaire d'équipe seule la partie féminine est jugée coupable. Mais c'est un grand classique des sociétés dirigées par les hommes. Malheureusement.

Il nous faut absolument remettre le droit à l'avortement sur le devant de la scène. Pour changer ou plutôt faire évoluer enfin les mentalités. Pour faire cesser aussi ces attaques incessantes contre l'IVG au nom d'une rentabilité économique fallacieuse ou au nom d'une conception morale rétrograde. Cette même conception morale qui ailleurs, dans des pays pas si lointains et évolués socialement, lutte pied à pied contre l'accès libre à l'IVG ou contre l'éducation des jeunes à la sexualité et l'accès libre à la contraception.

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